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Acerca de

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Into The White

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Si le titre vous évoque le nom de Jon KRAKAUER, vous êtes bien réveillés ! L'auteur est un écrivain-alpiniste américain celèbre aux Etats-Unis et à travers le monde, notamment pour avoir participé en mai 1996 à une ascension épique en Himalaya. Le récit, Tragédie à L'Everest retrace les événements incroyables qui ont eu lieu. Pour moi son succès tient autant des histoires extraordinaires qu'il écrit et a relatées, que de sa capacité à questionner les motifs qui nous poussent à nous dépasser.

 

C'est au décours d'une conversation avec un ami qu'a resurgi KRAKAUER, dont les livres dorment tranquillement sur une étagère de ma bibliothèque. Into the Wild... Ce titre vous rappelle certainement quelque chose, parce qu'il a généré une adaptation par Sean PENN au cinéma, en 2007. Parce qu'il y a ce bus emblématique et presque sacralisé et que c'est de lui que nous avons parlé avant de nous intérroger sur des détails du scénario.

 

Nous nous sommes donc prêtés à un jeu de tetris mémoriel. Que s'était-il exactement passé à la fin de cette histoire ? De mon côté c'est intéressant de noter que nombre de mes lectures ou films ne laissent qu'une trace parcellaire ou infime dans ma mémoire. Il m'arrive de ne pas me souvenir de la fin. D'oublier des pans entiers du script. J'ai des flashs, des images, des bribes. Et surtout des sensations. Le cerveau est un compost. On lui donne une multitide d'informations et il les ingère, transforme et recycle.

 

Des romans de Sally ROONEY, j'en fais le terreau de mon introspection dans le rapport à autrui. De TESSON il me reste le rejet condescendant de la modernité inutile et imposée. Mais surtout beaucoup d'admiration. D'Erri DI LUCA, la roublardise de l'ancien militant extrêmiste et une poésie à fleur de peau. De La Peste de CAMUS une sensation de chaleur accablante sur une plage. D'Into The Wild, une tristesse pour ce gâchis, mais un respect incroyable pour l'Homme qui va au bout de ses rêves.

 

L'authentique voyage du héros, un étudiant américain qui s'offre une virée après avoir décroché son diplôme, est relaté chronologiquement et bien documenté. Nul doute que ça a dû freiner quelques ardeurs... Oui, toi, l'aventurier confortable bien installé dans ton fauteuil, tu t'es dit : « ah mais ça peut vraiment merder si on fait le con !!! ». Christopher MacCandless c'était en 1992 : pas d'internet grand public, pas de GAFA. C'est à des années lumière de notre époque et quelque part, ce n'est même plus imaginable. On cherchait des livres de référence sur tel sujet (et on en faisait des photocopies). Des cartes en papier pour trouver son chemin. Pas de sites participatifs pour échanger une expérience de terrain quasi au jour le jour.

 

Ce qui nous amène à nous interroger sur l'Aventure dans un monde « fini ». Le nôtre. L'actuel. Quelle quantité d'imprévu êtes-vous prêts à verser dans votre tasse de voyage ? A l'heure ou l'écrasante majorité d'entre nous sort son téléphone pour suivre le bon itinéraire, il est quand même probable que la réponse soit : « très peu pour moi, merci ». La modernité s'est chargée toute seule de saboter cette vague notion tendant désormais vers le folklore romantique. Sans connaissance précise, dans un monde où l'accès à cette dernière est pourtant infini, on peut subir de plein fouet son amateurisme nous dit KRAKAUER.

 

En ville ou à la campagne, en Laponie ou en montagne, on prépare souvent le terrain. On se l'approprie et on l'a déjà humé du bout de la truffe avant de partir. On regarde la météo, on charge les affaires qui vont bien. On regarde le sac du voisin, on peaufine le sien. On dilapide conscienscieusement son pécule d'inconnu et d'aléas. Se priver volontairement des informations partagées de tous c'est une façon de rentrer en aventure, non ? Reste donc une question : qu'y-a-t-il en dehors des traces... que personne ne nous impose de suivre ?

@Alpsaddict1 - mai 2022

Photos : Kungsleden, Laponie Suédoise - Rappel pour rejoindre le Glacier du Mont Mallet depuis la Brèche Puiseux, Massif du Mont-Blanc

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