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Le réveil - ou le moment clé d'une course d'alpinisme

 

 

J'ai longtemps fantasmé les réveils en plein milieu de la nuit pour aller gambader en montagne. J'en ai vécu quelques uns, ces derniers nourrissaient à plein l'envie d'en pratiquer d'autres. Parcimonieusement incarnés, ils alimentaient la frustration de n'en vivre effectivement que trop peu. Maintenant mon sentiment est plus mitigé et l'idée de m'exhumer de ma couche à 2h00 du matin se teinte de la peur de ne pas assurer le lendemain. Une sorte d'angoisse de la performance pour laquelle les inhibiteurs de la 5 phosphodiestérase (viagra, cialis), ne peuvent rien. Ou plutôt la frousse d'en chier physiquement plus que de raison. On attend sans attendre ce moment étrange où le corps doit s'ébrouer. Sortir du lit peut s'avérer naturel, aussi bizarre que ça puisse paraître, quand l'objectif du jour insuffle l'énergie nécessaire. Et la promesse d'une jouissance que le sexe n'apporte pas toujours. Chevaucher les reliefs aguicheurs de certaines lignes dédiées aux seuls alpinistes vaut bien quelques parties de jambes en l'air. 

L'instant où on se lève est décisif pour le reste de la journée. On sait d'emblée si on va être en forme ou pas ! Un feeling lors de la verticalisation, une impression quasi immédiate de légèreté ou bien le doute d'errer dans les limbes, dans un état second durant la course. J'appréhende cette loterie mais je la recherche parce qu'elle peut être source de plaisir. Et que ce dernier est un puissant moteur de notre existence. 

 

@alpsaddict1

Refuge du Couvercle - juin 2015

 

Photo : le massif du Mont-Blanc se réveiile, depuis les pentes du couloir sud du Col de la Tour des Courtes

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