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L'Altitude

Loin des clichés éculés qui la mystifient, l'altitude, d'abord, c'est très pragmatique.

Ca fait mal au crâne. Ca s'infiltre, comme le mensonge dans une relation d'apparence saine, dans tous les sillons du cortex cérébral. Ca donne la nausée. Ca vidange la force physique et surtout la volonté d'avancer, là où l'inaction peut vous mettre en danger.

 

L'altitude va jusqu'à duper notre mémoire. Je rigole en imaginant que la raréfaction de l'oxygène qui y alimente alors le cerveau ne lui permet pas de se souvenir de la difficulté réelle de tout effort. Il est bon d'écrire peu après une visite des Hautes Cimes parce qu'on se souvient exactement de la souffrance du corps. Ou plutôt de l'état de handicap dans lequel on se trouve là-haut. Faible. Arc-bouté sur ses bâtons ou ses piolets. Sans énergie pour grimper efficacement une simple côte.

 

En somme, on divorce de son propre organisme. Il nous abandonne et c'est un combat que de chercher intellectuellement les ressources pour le convaincre de s'atteler à une tâche bien trop futile : avancer sur un tas de cailloux pour poser les pieds sur le plus élevé d'entre eux.

 

C'est donc aussi dans la tête que ça se passe ! Trop accaparé par quelque imbroglio émotionnel, on en perd son aptitude à s'élever. Régénéré d'une étreinte solaire, on capte l'influx d'énergie qui nous poussera jusqu'aux limites physiques. La préparation somatique n´est pas suffisante. La mise en condition mentale a, par exemple, poussé un Herzog littéralement « habité », au sommet de l'Annapurna en 1950. Et ce n'était pas le meilleur grimpeur !

 

De toute façon là haut, il n'y a plus de compétition que pour quelques uns. C'est bien autre chose qu'on va chercher. D'abord un savoir géologique de terrain (est-ce qu'on voit le Mont Ararat – Turquie - depuis le Mont Damavand - Iran ? Réponse : malheureusement non!). Une vue unique à graver pour toujours dans le disque dur de sa mémoire. Pourquoi pas une meilleure appréhension de soi ? Quelque chose entre introspection pour certains et reconnaissance sociale pour d'autres. Un horoscope des semaines ou des mois à venir. Un partage ou comment pousser l'autre, et vice versa, vers ses extrêmes.

 

@alpsaddict1 – Sept 2016

Mont Damavand - Iran

 

Photo : acclimatation au-dessus du Camp 3 , vers 4500m

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